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Mes sacs à main et moi – 2006-2010, nouvelles expériences et remises en question

La première brèche, c'est l'été 2006, je suis en Ecosse quand les anglais déjouent l'attentat terroriste aérien à base de liquide. Mon vol de retour est un des rares vols maintenus sur le Royaume-Uni, mais nous n'avons le droit à AUCUN bagage à main. Je sauve l'ordinateur du boulot de la casse en l'emballant dans mon pyjama, mais l'écran de mon appareil photo, fidèle habitué de mon sac à main, en vrac dans la valise en soute, ne survivra pas à cette mésaventure. Pire: désormais je devrai systématiquement vider, ranger et assainir (ou du moins assécher) le contenu de mon sac avant tout départ aérien. Et bien entendu plus de couteau suisse ni même de tire-bouchon ou ciseau à ongles garanties de survie toutes circonstances au fond… Advienne donc que pourra.

Entre-temps, j'achète toujours mes sacs dans les grands magasins, de préférence pendant les soldes, mais je les choisis désormais sur leur look et non plus sur la bonne affaire. Mon dernier sac à main date de juillet 2008, lorsque je me suis offert un mercredi de shopping et détente après des semaines de marathon à finir mon mémoire professionnel à la maison en plus de mes responsabilités au boulot. Je ne me souviens plus du prix, mais je me souviens que je l'avais trouvé particulièrement joli, brun avec des décorations fantaisie, plus chaleureux que les précédents… Achat plaisir plutôt qu'utile, pour une fois!

Et en parallèle, des huiles essentielles en roll-on de poche relaxantes, anti-stress, anti-jet-lag, des fleurs de Bach, des petits cailloux glânés ici ou là s'invitent dans mon sac, le rendent plus vrai, plus chaleureux que mes ennuyeuses prévoyances médicalo-bricolo-rationnello-pratiques d'antan. Le téléphone, le carnet d'adresses et l'agenda sont aussi désormais dans le même appareil; si la caméra était vraiment trop mauvaise pour immortaliser les enfants et la musique inexistante sur le Palm puis le Blackberry, depuis mon passage à l'iphone il y a quelques mois, j'ai tout en un à présent – même la vidéo et même le GPS! 

Et puis, les enfants ont grandi, donc plus de couches ni de jouets; mais souvent des restes de sacs de bonbons, sucettes, bricolages, invitations d'anniversaires…

Bref, il est très naturel et authentique, le contenu de mon sac!

 

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Mes sacs à main et moi – 1993-2007, l’époque écureuil

Ce matin j'ai décidé d'abandonner mon gros sac à main au profit d'un mini-sac au quotidien, et pas seulement en représentation professionnelle, après l'avoir étrenné dans ce contexte il y a quelques semaines.

Le sac à main est à l'image de sa propriétaire… et moi maintenant je m'allège de tout ce qui m'encombre, en particulier de mes angoisses.

Mon premier sac à main aurait eu près de 20 ans si je l'avais gardé. A 20 ans, habillée jeans ou bermuda et blouson dans mon école d'ingénieurs, je faisais comme les mecs, j'avais le porte-monnaie et les clés dans les poches, pas besoin de sac à main.

Mais un jour j'ai racheté la voiture de mes parents avec les économies d'un stage d'été, et un auto-radio avec le solde. Mon angoisse no 1 était qu'on me vole ma voiture, au point que je me levais la nuit pour vérifier si elle était toujours sur le parking de la résidence universitaire en contrebas. Mon angoisse no 2 était qu'on me vole mon auto-radio, alors je l'avais acheté portable. Mais du coup il me fallait pouvoir le transporter. Et c'est pour cela que j'ai acheté mon premier sac à main. Gros, robuste, en bandoulière. Je ne me souviens plus du tout à quoi il ressemblait, sûrement noir et passe partout, mais je me souviens encore du prix: 75FF dans la galerie marchande d'un centre commercial de Rennes, en solde. Chaque franc comptait pour moi à l'époque, bien plus que le look. J'avais fait une bonne affaire, j'étais contente.

Mon deuxième sac à main l'a remplacé quand il a rendu l'âme. Je ne m'en souviens pas, mais il me semble que ce deuxième (ou était-ce même le troisième?) n'a tenu qu'un an, ce qui m'a convaincue par la suite d'acheter du cuir pour plus de solidité. Car entre-temps j'avais changé de voiture et l'auto-radio était intégré cette fois, mais je n'ai pas rétréci le sac, je l'ai rempli. Il est devenu une extension de ma maison, une béquille quotidienne prête à parer à toutes les éventualités: barres de céréales, vitamines, clés de chez mes parents et beaux-parents et même double de clé de la maison de vacances de ma belle-famille, bons de réductions, serviettes hygiéniques, aspirine, bonbons pour la gorge, sparadraps, désinfectants, carnets d'adresse et petit carnet au cas où, plans de ville, canif, bombe d'auto-défense, stylos… Le critère d'achat était toujours le même: 1) d'usage pratique (donc gros) 2) au meilleur rapport qualité-prix.

Est arrivée ensuite la phase des responsabilités… qui n'a rien arrangé.

D'abord je suis devenue maman, ce qui a ajouté les couches, lingettes, jouets et médicaments pour enfants au sac (et ce, bien que mes filles ait toujours eu leur propre sac pour la nounou, mais on ne sait jamais!).  D'où un nouveau critère 3) il faut plein de poches. Ainsi, parfaitement prévoyante et équipée, je n'ai donc jamais manqué de rien, même de jouets ou de quoi dessiner pour occuper un gamin dans une salle d'attente, pendant toutes ces années. Et j'avais toujours l'appareil photo numérique sous la main pour une photo des puces ici ou là.

Mais ce n'était pas tout, parce que de 2001 à 2007, mes nouvelles responsabilités professionnelles me faisaient voyager en Europe et aux Etats-Unis environ 15% de mon temps. Du coup mon sac s'est enrichi AUSSI de tout le nécessaire de survie en mode stress à l'étranger: micro-brosses à dent des trousses classe affaires Air France, collants de rechange (après avoir dû traverser toutes les halles d'expo du mega-centre de convention de Las Vegas puis l'hôtel-casino le plus proche jusqu'à trouver une boutique en mini-tailleur et… bas filés pour cause de non prévoyance, on ne m'y reprendra plus), lunettes pour ne pas dessécher les lentilles dans l'avion, produit à lentilles, porte-monnaie en dollars, porte-monnaie en euros, porte-monnaie en livres sterling, tickets de métro de Paris et New York, cartes de fidélité voyageurs fréquents/hôtels/location de voiture, adaptateur électrique, ipod, et bien sûr téléphone portable + agenda électronique. Curieusement je n'ai jamais pris le GPS. Il faut dire qu'outre le sens de l'organisation, j'ai toujours eu un excellent sens de l'orientation et le goût des cartes et plans papier… qui s'entassaient AUSSI au fond du sac au fil de mes voyages.

Cette note se fait déjà bien longue… la suite au prochain épisode!

 

 

 

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Motivations modernes

"L'homme aux deux cerveaux" de Daniel Pink fait partie des lectures qui m'ont le plus marquée ces 5 dernières années. Mise en bouche:

 

Il a rempilé l'an passé – je n'ai pas encore lu son ouvrage "Drive" mais sa présentation est fascinante (au passage bravo aussi pour la forme de la présentation): (résumé en français)

 


Plus le travail demandé est complexe, moins la rétribution financière importante (dans la mesure où elle correspond à un bonus plutôt qu'à un besoin élémentaire) et plus les facteurs d'autonomie, de maîtrise et de sens contribuent à la motivation du salarié.

Dans nos sociétés où la mécanisation et la globalisation ne laissent plus guère de place qu'à des travaux complexes, qu'est-ce que cela veut dire? le capitalisme avec ses traditionnels modèles de pyramides de talents fidélisés par des bonus=fonction(position dans la pyramide; résultats obtenus) est-il en perte de vitesse, entre baby-boomers blasés et génération Y avide de sens?

 


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Mue des émotions, mue des perceptions

Ces derniers jours j'ai travaillé sur mes vieilles connaissances. Contrat alimentaire et je vois bien que je suis utile encore, mais je ne suis plus en phase avec tout cela. D'un autre côté, j'ai de la peine à me lancer dans mes nouveaux défis. Je ne sais plus très bien ce que je veux; jamais je n'ai jamais été aussi libre, et jamais je n'ai eu autant de doutes et de questionnements.

Ce soir, je prends un peu de temps pour moi, et voilà que mon intuition me porte à aller regarder ce que je publiais en février mars l'an passé.

Quelle surprise de relire dans cette note il y a un an jour pour jour, car je l'avais complètement oubliée celle-là:

plus je fais l'effort de lâcher-prise de ces émotions négatives, plus j'ai l'impression de peler un oignon, l'oignon de mes couches émotionnelles entassées par la vie, et de toucher du doigt des émotions très anciennes, très enfouies, que je n'arrive pas à bien dégager du fond de moi, comme celles de mon enfant intérieure que j'avais découverte il y a un an en faisant le stage de reiki. Hasard du calendrier?

Et 2 ans donc maintenant… j'en ai épluché des couches depuis 2 ans, depuis 1 an, depuis 6 mois. Au point de toucher maintenant de plus en plus aux couches restantes venues d'autres temps, celui de mes ancêtres, voire d'autres espaces, celui de mes étranges rêves géométriques multi-dimensionnels qui me sont encore si mystérieux…

mon regard aussi a changé. J'ai vu cette semaine des arbres élancer leurs branchages magnifiques vers le ciel sur mon trajet au boulot

En y retournant cet après-midi, comme à chaque fois que je refais ce trajet bien moins fréquemment à présent, j'ai croisé en conscience cet arbre justement! Pour la première fois, j'ai remarqué qu'il est penché en fait, mais l'angle de la route faisait que je ne l'avais jamais vu – simplement cette fois je l'ai aussi regardé par la vitre latérale et même vérifié dans le rétroviseur. Je ne peux plus voir les arbres comme je les voyais, ou plutôt ne les voyais pas, avant. Je ne vois pas les faunes qui les habitent et je ne les entends pas consciemment, mais je ressens quelque-chose… dans ma perception de l'arbre, il y a une résonance avec mes propres émotions, états d'âmes, parfois le germe d'une nouvelle idée ou prise de conscience. Même le silence d'un arbre dénudé l'hiver a quelque-chose de magnifique – l'expression d'une certaine solidité, grandeur, courage, comme des racines à nues qui s'élancent vers le ciel sans que rien ne les perturbe, ni le plus grand gel, ni la plus folle tempête, ni le plus long déluge.

Je suis convaincue que chacun peut développer ces nouvelles perceptions en s'amusant à laisser plus de place à son hémisphère cérébral droit. Aller en nature jouer à ces jeux d'imagination est une expérience extraordinaire à chaque fois, mais pas forcément sur le moment, pour moi c'est après que cela ressort, barrières protectrices anti-délire de mon mental obligent… Je pense que de nouvelles connexions se font dans le cerveau à travers ces jeux créatifs, et amènent ensuite à changer sa perspective au quotidien, à aborder les problèmes sous un angle différent, ce qui peut soudain débloquer des situations jugées inextricables sur un plan purement mental…

J'ai du mal à parler de tout cela avec mon entourage tant professionnel que familial autrement que par petites touches, car j'ai moi-même eu besoin de beaucoup de temps pour m'ouvrir à ces drôles d'idées, mais je les croise des fois dans des endroits les plus inattendus, jusque dans les catalogues de bouquins professionnels particulièrement sérieux


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Lumières d’hiver

Feb2011 - tree

Feb2011 - bird_aura

 

 

 

 

 

Les rives du Léman se prêtent à des promenades sans cesse renouvelées au fil des saisons…

L'hiver en particulier dévoile d'étonnants jeux de lumière, reflets croisés du gris du lac, des montagnes et du ciel brumeux.

 

 

 

Ces paysages m'inspirent. J'ai médité un moment sur la rive de cailloux à l'embouchure de la Veveyse. Il y a à cet endroit une étonnante sérénité, pourtant au bord de la ville et sans cesse visité par des familles, des couples et des marcheurs solitaires, à quelques centaines de mètres aussi du siège de la multinationale Nestlé. 

Les enfants aiment tout autant que moi cette promenade, avec ses places de jeux, ses oiseaux et ses grands espaces plats pour les vélos, trottinettes et rollers en tout genre, le carousel, les pédalos, et les crêpes-gaufres-glaces-sandwiches de Chez Babette. J'ai capturé un peu de cette magie pour changer de mes fééries des bois…

Feb2011 - magie

Feb11-joie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De l'autre côté de la place du marché, les rues piétonnes où le glacier italien (miam) et l'épicerie turque avec son étalage à l'ancienne de fruits et légumes plus ou moins exotiques côtoient vêtements et maroquinerie plus ou moins luxueux, et de nouveau au bord du lac, la bibliothèque et son café littéraire, un de mes endroits favoris; avec le wifi gratuit et tous ces livres à 2 pas, le nez sur le lac à travers les grandes baies vitrées, ou attablée sur la petite terrasse aux beaux jours, je pourrais y passer sereinement le reste de ma vie… mais ma vie tourne encore bien vite, et je ne m'y arrête guère que le temps de laisser tiédir un thé.

 

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Responsabilité(s)

Je ne cesse de faire des prises de conscience, chaque semaine qui passe, en pleine évolution intérieure alors même que ma vie extérieure est assez tranquille. Je pense que la phase de vie dans laquelle je suis est une transition semi-sabbatique, sorte de repos du guerrier, qui va me permettre de débarrasser quelques vieux schémas limitants et reprendre des forces, et finalement muer dans une nouvelle Kerleane plus forte et plus grande pour prendre une responsabilité élargie dans la 2ème moitié de vie qui se profile devant moi.

Je l'avais écrit il y a quelque-temps, le fait de ne pas savoir quels étaient mes rêves d'enfant me perturbait. J'y ai pensé et re-pensé encore et mes souvenirs sont revenus.

Quand j'étais enfant je voulais être un champion, un leader, un héros.

Du plus loin que je me souvienne, je voulais être le héros des dessins animés, des bouquins, mais aussi le champion du Tour de France… Je me souviens maintenant que je jouais que je gagnais le Tour de France. J'avais un gros problème, c'est que tous ces héros étaient des mecs, à quelques exceptions près comme le garçon manqué Claude dans le Club des Cinq à laquelle je m'identifiais beaucoup. Et moi j'étais une fille. Zut.

Et un autre problème, c'est que les autres en particulier mes petits copains ne me voyaient pas du tout comme un leader, en tout cas sur le plan physique, toute intello que j'étais. Je pouvais faire mon petit effet avec mon imagination, capable d'entraîner tout une bande d'un anniversaire à improviser une pièce de théâtre de mon cru ou d'amener les petits voisins à faire des recherches archéologiques dans le quartier, mais c'était rare; en général je me faisais juste insulter ou taper dessus dès que je prenais une initiative. Alors j'allais pleurer chez les adultes tellement plus raisonnables et évolués que cette bande de méchants idiots, mais évidemment cela n'arrangeait rien à ma popularité! Re-zut.

Il m'est resté de ces expériences la désagréable impression que prendre des initiatives n'attirait que des ennuis et que je n'étais pas à ma place dans tout cela. Je me suis contentée d'assumer les responsabilités qui allaient de soi, acceptables par tous sans aucun risque de conflit. Jusqu'au moment où un concours de circonstances m'a mise dans une impasse: soit je gardais les responsabilités qui m'étaient confiées pour ne pas me mettre en conflit avec ma hiérarchie, alors que je les voyais nous conduire dans un mur, soit je prenais mes propres responsabilités d'initier du changement, au risque de tout casser. Je n'ai pas pu faire face: j'ai fui. 

Cela m'a paradoxalement amenée à prendre plus de responsabilités que je n'osais avant. A m'affirmer comme jamais depuis le coeur de l'enfance je n'avais plus osé le faire. Et c'est encore bien timide, mais j'ai vraiment l'impression que c'est ce qui m'appelle. Simplement j'ai besoin

1) de mettre ma responsabilité au service d'une cause à laquelle je crois.

2) de construire ma responsabilité sur des bases plus solides, une force, une sérénité et une sécurité intérieure que je dois maintenant faire grandir pour ne pas vaciller au premier obstacle.

Suis-je dans une nouvelle illusion, impasse à venir, ou guidée par ma voix (voie) intérieure la plus profonde? j'ai du mal à y voir clair. Quant aux prochaines étapes… c'est bien flou.

 

 

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Les émotions

Je me suis empêtrée pendant des années dans mes émotions. Impression qu'elles étaient incontrôlables, qu'elles me débordaient tout le temps.

J'observe un changement. Elles ne me débordent plus. Avant je sur-réagissais au quart de tour. Maintenant dans une situation stressante je me vois calme, je reste capable de réfléchir et de respirer.

L'émotion arrive plus tard, atténuée, avec des symptômes physiques même, mais à un moment où je peux m'en distancier, la reconnaître et l'évacuer.

Je ne crois pas que je gère mieux mes émotions, mais je n'ai plus le problème du trop-plein qui déborde au quotidien.

Il reste que je ne me sens pas très forte sur ce plan émotionnel. Et je ne sais pas comment m'améliorer.

 

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Il y a 7 ans, et maintenant…

Samedi 20 mars 2004: "J'en ai marre d'être fatiguée; marre de l'hiver aussi. Nous avons eu une semaine printanière et je me suis sentie bien plus d'aplomb. Je suis incapable de rester en plein air plus d'une heure sans tomber de sommeil. (…) La physiothérapeute m'a fait une petite remarque qui me travaille depuis "Ne soyez pas trop exigeante avec vous-même; donnez-lui (mon genou blessé) 3 semaines pour se remettre." C'est bizarre mais je crois que c'est la 1ère fois qu'on me dit çà. Et çà m'a frappée. Je réalise soudain à quel point je cours derrière la perfection. Je voudrais tout faire! et je me plains de fatigue… Mes collègues masculins ont, pour bon nombre d'entre eux, une épouse et mère de famille gérant probablement 60 à 90% des tâches ménagères. Pas moi. (…) Exigeante avec moi-même… certes… sinon je ne sortirais pas de dessous la couette le matin. C'est sans doute ce qui me demande le plus de volonté de toute la journée! Je suis aussi exigeante avec moi-même parce qu'on me le demande. Mes parents, mes profs, mon mari, mes filles, mes collègues, ma famille, plein de gens ont une image de moi et des attentes que je ne veux pas trahir. (…) Et enfin je veux être moi-même, et c'est justement là que je suis épuisée! je me suis rabattue sur mes petits bonheurs favoris: la lecture, la vidéo, le chocolat. En attendant impatiemment l'été pour les fleurs."

Impressionnant le chemin parcouru en 7 ans. Je suis devenue vachement plus égoïste et vachement moins fatiguée, pourtant j'en fais encore beaucoup! Je suis allée ressortir ce carnet pour voir si j'avais noté mes symptômes de grippe en janvier 2004, pour comparer. J'avais mis 6 mois à récupérer de la fatigue. Alors quand j'ai fini au lit avec une très forte fièvre mercredi passé j'ai eu peur de refaire la même expérience. Mais la fièvre est tombée dès le lendemain et même si j'ai traîné des symptômes grippaux atténués encore 4-5 jours, je me sens de nouveau à peu près en forme, juste plus fatiguée le soir et un peu plus de peine à me lever le matin. Ouf!

Quant à l'exigence… le perfectionnisme… je fais face à toutes mes croyances d'enfant. J'ai tellement d'émotions qui remontent maintenant que ma nouvelle activité professionnelle me donne un espace apaisé, isolée avec mes dossiers sur ma montagne pendant de longues journées. J'occupe le mental avec mes joujoux intellectuels, et derrière, devant, dessous, y a tout qui remonte. Peur, colère, tristesse. Je n'ai jamais eu autant d'états d'âme incompréhensibles, sortis de nulle part. Que puis-je faire? Rien. J'attends. J'observe. Je nettoie. J'en ai ravalé des émotions en 40 ans. A se demander si le reste de ma vie suffira à me guérir de tout cela…

J'ai décidé aujourd'hui d'appeler cette étape de ma vie mon semi-sabbatique émotionnel.

Semi car je ne suis quand même pas devenue ermite, donc j'ai quand même mon petit bain d'émotions quotidiens, rien qu'avec les enfants on ne peut pas vivre en autiste! Mais d'avoir apaisé le tourbillon professionnel me donne le temps de me reconstruire, voire de me construire tout court.

Finalement, ce dont j'ai pris le plus conscience ces dernières semaines c'est de ne pas savoir Qui Je Suis, sous un tel fatras de croyances et émotions ravalées, réprimées sous un joli couvercle décoratif, je me sens incohérente, compliquée, un peu perdue en fait. Comment ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain? dans ces émotions il y a aussi de la joie, de l'empathie… mais comment faire le tri? qu'est-ce qui est vraiment à moi dans tout cela?

 

 

 

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Espace temps

Quand mes arrière-grand-parents étaient petits, pour accéder à de nouveaux savoirs, il fallait faire tellement de kilomètres et y consacrer tellement de temps qu'ils n'y pensaient même pas.

Quand mes grand-parents ont vieilli, ils prenaient le temps de lire Ouest France ou Le Télégramme 6 jours sur 7, ils écoutaient la radio en épluchant les patates, ils regardaient les infos à la télé en soupant.

Quand mes parents m'ont élevé, nous habitions en ville et Papa m'emmenait à la bibliothèque quasiment tous les mercredis et les samedis, et la télé occupait le reste de mes loisirs.

Maintenant, dès que je me pose une question, je fais le tour du sujet sur internet. A toute heure du jour et de la nuit, je peux aller lire une thèse du MIT sur l'"affective computing" (ce sujet à l'interface entre psycho, informatique et intelligence artificielle m'intrigue), chercher une recette de gâteau au citron facile pour les enfants, recevoir le dernier mailing de Maman qui transmet les nouvelles et photos fascinantes d'un couple de ses connaissances en vadrouille en Asie, et celui de Belle-Maman par alliance qui vient de se passionner pour une sorte d'insecte des marais multicolore, petite merveille de la nature difficilement observable en vrai mais tout à fait accessible sur écran.

Il y a là quelque-chose d'étourdissant. Je pourrais me noyer dans toutes ces connaissances à portée de clic. Mais la vraie vie n'a pas changé et le temps continue de m'échapper. Je me demande si en revenant à un rythme plus raisonnable il y a quelques mois je n'ai pas déformé le temps, ou ralenti mes gestes et mes pensées à un point tel que le temps gagné sur mon heure de transport quotidienne, avant, ou sur les interminables réunions inefficaces qui me semblaient remplir mes journées, avant, semble s'être évaporé. Je ne le trouve plus, ce temps!

C'est un phénomène souvent rapporté par les retraités, et je ne me l'explique pas…

On dirait que si je ne me fixe pas une liste de choses à faire ultra ambitieuses EXPLICITEMENT, rien n'avance. Avant je pouvais vivre 3 vies en une journée et 4 étalées sur la semaine sans réfléchir aux priorités. Et puis un jour cela n'a plus eu de sens pour moi, j'ai voulu reprendre les rennes de ma vie. Mais je cherche encore le mode d'emploi.

Derrière mon écran, l'espace-temps contracté de l'accès instantané à des infos aussi distantes géographiquement et temporellement que la signature dans un registre paroissial d'un ancêtre d'il y a près de 400 ans dans un pays tellement à l'ouest de celui-ci que leurs histoires ne se sont pas entre-mêlées depuis le temps des romains, enfin je crois…

Devant mon écran, l'espace-temps dilaté de tout ce que je rêverais de faire encore dans la bonne demi-vie qu'il me reste statistiquement, et que… je n'arrive même pas à diviser en petits pas sûrs sans en voir s'empiler de semaine en semaine, reste à faire, reste à faire…

D'ailleurs faut que j'aille finir de gratouiller mes cartes de voeux, manuscrites, quelle drôle d'idée! mais je ne peux pas me résoudre à les contracter en 3 clics. J'ai besoin de marquer la matière… c'est plus vrai, cela a plus d'existence que le virtuel. Enfin je crois…

On vit quand même une époque bizarre. Ou bien c'est moi qui deviens bizarre à trop réfléchir à ces trucs absurdes?

 

 

 

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Listes à faire

Après quelques mois de lâcher prise et d'une certaine errance, je me secoue, quitte à revenir à mes vieux travers. J'en ai marre de traîner des doutes existentiels et ce fond de tristesse que je n'arrive pas à saisir, mais qui ne s'exprime que dans l'inactivité.

J'ai traversé quelques périodes de spleen cet automne: on ne casse pas sans contrecoup l'image et les projets dans lesquels on s'est enfoncés pendant des années jusqu'à l'implosion… pourtant, je n'ai pas fait de burn-out, juste un peu de blues – puisque je me suis toujours levée le matin, même si parfois sans entrain, et mes proches n'ont vu que mon amélioration. Même ex-boss, qui est resté mon principal client jusqu'à Noël, m'a passé ce message positif la semaine passée: sortie de mes tracasseries internes d'avant, je suis devenue plus positive et je lui apporte plus qu'avant.

Mais moi je vois bien mon chantier interne. Je continue de construire sur mes forces mais je dois sacrément me secouer pour m'améliorer encore sur les autres plans. Ne pas savoir ce que je ferai dans 1 an est totalement déstabilisant pour moi, même si je n'ai cette incertitude que sur le plan professionnel. Planifier et suivre des chemins tout tracés a pendant des années été mon antidote à l'angoisse. En me sortant de ce schéma de confort, j'ai fait face à ma peur. Je n'ai plus peur, mais c'est peut-être une illusion mentale: objectivement, ma situation est telle que je n'ai plus de raison d'avoir peur de remettre en question mes besoins primitifs, je ne vais pas crever de faim ni perdre mon toit, quant au reste, je pourrais sans doute vivre sans… Je prends surtout un risque sur mon image. Mais ai-je encore besoin du regard des autres pour exister?

Alors je me suis remise à fonctionner cette rentrée de janvier comme je fonctionnais avant de me mettre à mon compte: je me fais une liste de choses à faire plutôt ambitieuse en début de semaine, en combinant les tâches privées et les tâches professionnelles, même si je suis plus ou moins mon propre chef dans tous les domaines à présent. Et je la traite de mon mieux jour après jour. 

C'est fou comme un truc aussi simple peut être structurant. Cette semaine, j'ai réussi à m'attaquer sérieusement à un projet privé qui traînait depuis juillet. Du coup, je me sens mieux.

C'est certainement illusoire, mais bon, j'avais vraiment besoin de me restructurer.