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Enquête sur Reportage Canal+ – OGM Monsanto

Benoît me proposant une piste à explorer sur son blog, difficile de résister pour mon esprit curieux, alors voilà ma petite enquête sur le très intéressant reportage de Canal+ "90 minutes" de 2005 sur l’approbation Européenne d’un OGM Monsanto malgré une étude douteuse de ses effets sur les rats (cette étude réalisée par le fabricant lui-même est actuellement publiée sur leur site web, probablement sous la pression des medias, ou bien des actionnaires inquiets de la mauvaise publicité qui lui était faite?).

A noter que le reportage n’a pas été interdit, mais bien diffusé par Canal+ en 2005, contrairement à la rumeur qui court parmi les internautes francophones ces jours.

Monsanto, vous connaissez? moi ce nom ne me disait rien, étonnant, car Monsanto est le leader des OGM, avec au moins 70% des parts de marché sur les semences OGM. Mais surtout, cette compagnie centenaire, qui a commencé par vendre un composant alimentaire à Coca Cola il y a plus d’un siècle, est aussi derrière le tristement célèbre agent orange, puissant herbicide contenant de la dioxine, utilisé pendant la guerre du Vietnam pour détruire les maquis.

C’est donc Mosanto qui a inventé le premier OGM il y a plus de 20 ans – à noter qu’à cette période on soupçonne depuis quelques semaines qu’elle payait par ailleurs grassement, dessous la table, un expert internationalement reconnu pour affirmer l’inocuité de l’agent orange, affaire que les medias viennent de révéler (au conditionnel) en décembre 2006.

Plus de la moitié de leur chiffre d’affaire (environ 6 milliards d’euros en 2006) provient de l’herbicide Roundup, or les OGM qu’ils commercialisent étant spécifiquement résistants à Roundup, c’est double jackpot puisque les agriculteurs achètent les deux en même temps!

C’est aussi Monsanto qui a inventé les semences OGM stériles (pour forcer le rachat de nouvelles semences au lieu de la réutilisation d’une partie de la récolte comme cela se pratique conventionnellement).

C’est encore Monsanto qui fait l’objet d’une querelle de brevets sur le vivant sans précédent, pusiqu’ils ont commencé, depuis 3 ans, à poursuivre des paysans pour violation de brevets du fait que des OGM Monsanto sont retrouvés dans leurs récoltes sans avoir été achetés (peut-être simplement portés par le vent!).

C’est enfin Monsanto qui est le roi du "lobbying". Réseau d’influence jusque dans le très puissante FDA, qui emploie plusieurs de ses anciens employés, campagne médiatique "les OGM vont sauver le tiers monde de la faim" (alors qu’apparemment les rendements des semences OGM sont moins bons, et qu’au prix où elles sont vendues, seuls les mégas-éleveurs du continent américain se les paient aujourd’hui!)

En fait, plus je gratte sur le sujet plus je suis choquée.

Choquée que l’on se base sur une étude d’un fabricant pour valider l’innocuité des produits de ce fabricant, et non sur des études scientifiques indépendantes (pourtant faire bouffer 2 sortes de maïs différentes à deux populations statistiquement représentatrices de rats pendant 90 jours, ou mieux, 2-3 ans, ne doit pas coûter des milliards!). C’est complètement absurde. C’est comme si vous demandiez à vos enfants de se noter eux-mêmes à l’école, ou si votre chef vous proposait de vous auto-évaluer sachant que votre salaire en dépend. En ingénieurie, on appelle cela un système en boucle ouverte: hautement instable et incontrôlable!

Choquée aussi par l’entorse à la démocratie, mondiale, que l’on peut mesurer sur le sujet des OGM, et qui est terriblement bien illustrée dans le reportage de Canal+ à Bruxelles. Non seulement les Français sont très majoritairement opposés aux OGM, ce qui n’a pas empéché leur représentante démocratiquement élue de voter pour l’autorisation du fameux maïs OGM d’après le reportage (!), mais aussi les Américains et les Brésiliens, qui en bouffent malgré eux tous les jours: http://www.infogm.org/article.php3?id_article=2007. Puissant lobbying des industriels auprès des gouvernements?

Bref… les gens n’en veulent pas? très bien, on va le cacher, étiquetage en tout petit en Europe (encore heureux, mais seulement pour un ingrédient représentant plus de 0.9% de la composition du produit, et pas pour les produits dérivés comme la viande, les oeufs ou le lait d’animaux nourris au soja transgénique)… Dans d’autres pays, pas d’étiquetage du tout!

En Suisse, l’agriculture des OGM demeure interdite pour quelques années suite à référendum populaire, reste donc le probléme de l’importation et des produits dérivés. Quelques liens: Fédération Romande des Consommateurs demandant un étiquetage des produits dérivés, pression Greenpeace partiellement couronnée de succès sur les grands distributeurs pour garantir Maisbiol’importation de viande d’animaux nourris sans OGM (ouf, moi j’achète beaucoup bio chez COOP)… Je ne sais pas s’il existe les mêmes pressions sur la grande distribution en France.

A titre indicatif, voilà la liste des produits pouvant contenir des OGM y compris dérivés, publiée par le gouvernement français lui-même.

Me voilà mieux informée, c’est déjà cela (merci Benoît, Manue etc.)

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Petit cadeau quechua

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Compositeur Anonyme – Perou, 1631

Extrait à écouter ici

Ce chant m’a profondément touchée quand je l’ai entendu dans la compilation de Robert Gass découverte il y a 10 jours (lien dans ma colonne Musique – le chant apache vient de là aussi).

Souvent considéré comme un des principaux hymnes sud-américains, cette pièce vocale à plusieurs voix, la plus ancienne recensée au Nouveau Monde, apparaît pour la première fois dans un recueil de musique sacrée et catéchisme rassemblé par un missionnaire franciscain Juan Perez Bocanegra en 1631.

Il s’agit d’un chant processionnel de l’église coloniale espagnole San Pedro de la ville péruvienne Andahuaylillas. Toute son originalité, toute sa force aussi, réside dans le fait qu’il est écrit dans la langue locale inca: le Quechua. Ce chant rend grâce à la Vierge Marie lors des processions mariales locales, au moyen d’images symboliques inspirées de la nature.

Apparemment, on ne sait pas si cette pièce magnifique a été écrite par un missionnaire formé à l’art vocal européen et ayant appris la langue locale pour mieux évangéliser (comme le père Julien Maunoir qui re-christianisa mes ancêtres), ou si c’est un inca quechuan formé par les missionnaires au chant vocal européen qui l’a composé dans sa langue natale et intégré à la spiritualité locale (symbôles naturels, culte à la déesse "terre-mère" devenu marial…).

Toujours est-il que ce chant, né de la rencontre du meilleur de deux cultures, a depuis longtemps quitté le Pérou pour se trouver maintenant intégré au répertoire de nombreux choeurs jusqu’en Europe et plus loin… voilà bien quelque-chose de bon à la mondialisation, audiblement déjà en route au 16ème siècle…

Les paroles du chant et leur traduction en anglais

Pour une illustration visuelle de l’intégration des 2 cultures, j’ai rassemblé ci-dessous une représentation symbolique actuelle de Pachamama, la déesse-mère des incas, à comparer avec une représentation anonyme de la Vierge Marie, datant du 16ème siècle, école de Cuzco (Pérou, même région, même époque). Voir le commentaire sous wikipedia pour ceux qui lisent l’espagnol: apparemment, le triangle est un symbôle très fort dans la culture inca.

Pachamama400  Cuzcovirginbelen

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2004 – Tribulations

Quand je regarde en arrière, 2004 m’apparaît comme l’année où j’ai recommencé à sortir la tête du quotidien pour regarder où j’en étais et où j’allais.

Les six premiers n’ont pas été faciles, pourtant.

2004 a en effet commencé par la disparition de mon chat, la nuit du Nouvel An, alors que nous recevions plein de famille: en a-t-il eu soudain marre? je l’avais pas mal délaissé l’année précédente, débordée que j’étais par mes petites filles de 4 ans et quelques mois…

Janvier s’est poursuivi avec un voyage professionnel en Californie, moment qu’Ondine a choisi pour faire ses premiers pas que je guettais avec impatience depuis plusieurs semaines. Bon, elle a toujours eu un caractère très indépendant, elle n’avait visiblement pas besoin de moi pour se lancer!

Quand je suis rentrée de ce voyage, toute la famille avait la grippe. J’ai relayé Mari Charmant bien fiévreux tout le dimanche au grand dam de mon manque de sommeil, car je dors très peu en avion, et le lundi matin je suis retournée au bureau comme si de rien n’était. Cela n’a pas loupé: je suis rentrée pleine de frissons le soir, et j’ai passé le reste de la semaine à suer et faire des cauchemars sous la couette, deux jours à plus de 40 degrés, ce qui ne m’était plus arrivé depuis l’enfance…

Et du coup, je ne me suis pas remise du décalage horaire. Pendant les 6 mois suivants, je suis restée sur l’horaire californien: zombie le matin, je commençais à émerger en fin d’après-midi! avec une de ces fatigues que l’on peut qualifier de chronique – asthénie consécutive à une grippe, banal et bénin donc, mais terriblement handicapant.

Histoire de me forcer à bouger un peu pour me réveiller, j’essayais de sortir dehors skier, raquetter ou surfer quand les conditions étaient bonnes. Un samedi neigeux, je me suis amusée comme jamais dans la poudre avec le snowboard, et c’est en toute confiance que je l’ai repris le dimanche matin. Hélas pendant la nuit la piste avait durci et j’ai pris peur. C’est comme cela que je me suis fait une entorse au genou, sur le plat, à 0.01km/h… parce que la planche s’est coincée dans la neige et je n’allais pas assez vite pour la dégager avant de faire le faux mouvement idiot qui m’a fait m’écraser par terre à l’opposé de la planche – chorégraphie improbable que personne n’a d’ailleurs comprise, et que je mets au défi quiconque de reproduire spontanément. Mais bon, en attendant, moi j’ai vu le genou se tordre et surtout je l’ai entendu craquer. Avant même d’avoir mal, je me sentais mal rien que par les yeux et les oreilles!

Ainsi Kerleane la douillette a ajouté 2 semaines de béquilles et un mois de séances de physio à la surveillance constante d’un bébé d’un an trottant partout, au jonglage entre 2 nounous différentes et les arrangements de garde mutuelle de nos chérubins entre voisins dans les trous horaires laissés par un soupçon d’école maternelle et nos emplois respectifs, en plein au milieu de nouveaux projets mélangés à de vieux projets interminables dont on ne savait plus vraiment à quoi ils servaient au boulot… et cerise sur le gâteau, tour de ma petite tribu chez mes belle-familles parisiennes à Pâques, entièrement organisée par mes soins, du transport aux bagages.Katereddy2

Pas mal pour un zombie – mon principal soutien moral pendant toute cette période était le personnage de Kate Reddy, terriblement proche!

Je crois que j’ai désespéré ma physiothérapeute avec toutes les séances fixées à 8h le matin avant que je coure au boulot (enfin, façon de parler: que je boîtille jusqu’à ma voiture pour "courir" au boulot). J’étais incapable de faire le moindre travail musculaire à cette heure-là, comme si on m’avait sortie de mon lit (23h en Californie): je tremblais comme une feuille. Lamentable.

Mais du coup, tout cela m’a quand même rendu service. D’abord j’ai pris conscience de mes limites physiologiques dans des circonstances encore passablement bénignes. Et puis à la physio, dans la salle d’attente, j’ai découvert… Psychologies Magazine.

A suivre…

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Le pouvoir psychique des aliments

J’ai emprunté cette semaine à la bibliothèque le livre du même titre de Christian Brun. Il y a un chapitre très intéressant sur les acides aminés et protéines et leur relation avec nos neurotransmetteurs que je dois encore approfondir. En feuilletant un peu plus en avant dans le livre, je suis tombée sur la citation suivante, à propos de la viande:

"(…)les grands carnivores sont des animaux féroces et ils répandent autour d’eux une odeur épouvantable, tandis que les herbivores ont des moeurs beaucoup plus paisibles. Ainsi, en mangeant de la viande, nous sommes en contact quotidien avec la peur, la cruauté, la sensualité des animaux. Celui qui mange de la viande entretient dans son corps un lien invisible avec le monde des animaux et il serait lui-même épouvanté s’il voyait la couleur de son aura.(…)Chaque homme est donc accompagné de toutes les âmes des animaux dont il a mangé la chair. (…)"

En fait tout un paragraphe de diabolisation de la viande. Pourtant, C. Brun ne l’interdit pas dans ses recommandations en fin d’ouvrage, et il indique d’ailleurs dans le chapitre sur les neurotransmetteurs les bienfaits de la tyrosine, acide aminé contenu dans les viandes et les fromages:

"précurseur de la dopamine et la noradrénaline, qui stimulent le cerveau en le rendant plus actif, plus vivace, plus alerte. L’activité cérébrale est stimulée, l’énergie mentale, la motivation, l’attention, la vigilance sont accrues."

Le problème, c’est que pour cela, il faut manger de la viande (d’un animal tué) ou du fromage (du lait dont on a privé un petit mammifère, typiquement un veau, un agneau ou un chevreau généralement tué aussi). Donc, si on commence à se poser des questions "sentimentales" sur l’éthique de son alimentation, on peut finir par se priver de nutriments essentiels à la bonne marche du cerveau…

Et en regardant de plus près qui était l’auteur de ce texte vindicatif cité par C. Brun, je découvre qu’il s’agit du fondateur de la secte Fraternité Blanche Universelle… Effectivement: beaucoup de sectes commencent par imposer des régimes et jeunes en tout genre, et on peut comprendre l’intérêt avec l’explication ci-dessous: diminuer l’énergie mentale, la motivation, l’attention, et la vigilance sont un très bon point de départ pour aliéner des cerveaux humains!

Une petite note kerleanesque pour conclure sur ce paragraphe: si vous voulez passer une soirée tranquille devant le feu de cheminée, avec de la musique et un bon livre, quel est l’animal qui vous tiendra compagnie le plus naturellement dans cette ambiance sereine et relaxante… le bouc, ou le chat?

Comme quoi, un peu d’esprit critique peut préserver de bien des déboires 😉

PS Benoît j’avais commencé cette note avant de lire ton comm, rien de perso contre toi, de toute façon habitant en Suisse tu étais forcément motivé à passer au régime gruyère/raclette sous toutes leurs formes à la place du boeuf hors de prix, comme tout le monde non? lol

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Mon Janvier 2007

Voilà déjà janvier qui s’en va.

Janvier presque sans neige, et je n’ai même pas skié les quelques jours d’ouverture en début de mois.

Janvier plein de virus, rhumes et gastro, et je suis encore face au dernier en date: Ondine a la varicelle, pourvu que je n’en fasse pas un zona… en attendant la grippe annoncée pour ces jours-ci… soupir.

Janvier au boulot, de plus en plus démotivant avec tous ces projets qui traînent et l’ineptie de ma mission – je suis coincée entre en faire vachement plus, avec toutes les manoeuvres au bulldozer que cela signifie, ce qui m’est inacceptable, et en faire de moins en moins, ce qui m’est tout aussi insupportable. J’ai même été musarder sur les sites de bilans de compétence pour comprendre où j’en suis et pourquoi après tant d’années intéressantes j’arrive à une telle démotivation. Et je ne sais toujours pas si j’aurai le feu vert pour ma demande de formation, le seul gros projet qui me motive sérieusement pour cette année. Mais j’irai le défendre jusqu’à la direction s’il le faut. Petit objectif au passage pour février: avec les dossiers en cours, atteindre le seuil symbolique de mon 10ème dépôt de brevet en 5 ans. Et encore un petit plaisir égocentrique: une semaine de vacances en plus cette année, merci l’ancienneté… reste à rêvasser sur son usage!

Janvier et tout le stress pas résolu de mes problèmes de garde d’enfants. Répit jusqu’à fin février, mais je ne sais toujours pas comment faire ensuite. Pleurnicher auprès de la nounou de remplacement pour qu’elle me garde au moins la petite jusque fin juin, et caser la grande ailleurs? Bricoler un jour ici un jour là? Transformer la femme de ménage en nounou à domicile? j’en ai marre de me casser la tête sur ces questions. Presqu’envie de laisser traîner et attendre que ma bonne étoile se charge de tout. Après tout, elle ne m’a jamais trahie sur ce coup-là, même quand il a fallu recaser d’urgence Lili à 2 ans en moins de 4 jours pour 40 heures par semaine…

Mais aussi bien des petites et grandes joies pour ce mois de janvier! Ce voyage dans mes souvenirs que j’ai mis en forme ici m’a recentrée sur des clés essentielles qui sommeillaient en attendant leur heure au fond de moi (mais je ne sais toujours pas pour quelles portes). Beaucoup de plaisir aussi à découvrir d’autres blogs, certains nouveaux, d’autres pas encore explorés. Une vraie bouffée d’air pour mon cerveau si curieux d’apprendre et de découvrir, après ces journées de travail toujours aussi actives mais devenues intellectuellement fades car vides de sens.

Et vu comme cela s’annonce, Février ne devrait pas être très différent…

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L’homme, parasite de la plante

L’homme n’est, dans sa plus simple expression, qu’un parasite de la plante, qui lui fournit l’oxygéne (O2) qu’il respire et le carbone (C) qu’il mange, directement ou indirectement (la vache mange la plante et l’homme boit son lait de la vache, et mange sa viande).Photosynthese

Car la plante sait tirer directement du soleil l’énergie nécessaire à la transformation du CO2 (dioxyde de carbone) en ces deux éléments nécessaires au métabolisme de l’homme, ce que l’homme ne sait pas faire, notre organisme n’étant pas capable de photo-synthèse (*).

Depuis que j’ai lu cette analyse dans le livre "Après nous le déluge" emprunté à la bibliothèque courant janvier, elle me fascine et je ne regarde plus ma salade de la même façon!

Malheureusement le reste du livre est sans intérêt, se contentant de geindre sur les différents avenirs possibles de l’humanité sans réflexion en profondeur, mais rien que pour cette image du parasite de la plante, je lui devais une rév(f)érence…

(*) en réalité l’équation est un peu plus compliquée et fait aussi intervenir l’eau et le glucose, à l’inverse de notre respiration.

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Maternités

"La spiritualité, c’est aussi dans la relation à l’Autre qu’on la vit."

J’ai parlé de la plus égale et la plus longue, la plus singulière aussi, au sens de l’unicité, de mes relations à l’Autre pendant ces 15 ans – le Couple.

J’ai parlé de toutes ces relations croisées notamment sur mon chemin professionnel sans en citer une en particulier, mais en mesurant leur importance dans mon progrès personnel – confiance en moi, ouverture aux autres – la Vie Sociale.

Il reste les Enfants.

Il est difficile de mettre en mot l’expérience de la Maternité qui n’est malheureusement biologiquement accessible qu’à la moitié d’entre nous, et pratiquement pas toujours réalisable, car il faut être deux, en avoir le désir, être prête à l’assumer moralement, physiquement, nerveusement, financièrement, etc…  Bref, pour celles qui un jour se lancent dans l’aventure, c’est par le corps qu’elle commence pour beaucoup d’entre nous (pas toutes): tiraillements dans le bas-ventre, seins lourds, nausées, fatigue… Pendant 9 mois, il va falloir le partager, ce corps! et bébé est exigeant.

Si vous mangez mal (et parfois, si vous mangez tout court, et parfois, même si vous ne mangez pas): la tête dans les toilettes…

Si vous dormez mal (et vous dormez mal, car il faut vider la vessie, digérer des rêves bizarres, et après quelques-mois, s’accorder sur les coups de pied): somnolence toute la journée…

Si vous avez des doutes ou des angoisses (forcément, en 9 mois, cela arrive): crise de larmes…

Si vous êtes coquette ou active (ou les deux): vous devez ravaler votre fierté en traînant votre forme de poire bosselée plus ou moins bien habillée au rayon Maternité de votre boutique de fringues préférée (quand il existe!) et vous contenter de quelques exercices ramollis de préparation à l’accouchement à grand renfort de musique douce au lieu d’aller faire du step au fitness ou danser sur de la techno…

… et si vous êtes mince en temps normal, vous finirez tout de même par expérimenter avec horreur les malheurs des gros, par exemple devoir renoncer à une place de parking en épi parce que, de profil, impossible de se glisser entre les portières: les 2 derniers mois, c’est de face qu’il faut passer au plus étroit! Impossible, aussi, de lacer ses chaussures sans se mettre en position du lotus, ce qui est assez malpratique…

Bref, je n’aime pas être enceinte.

Mais… il y a la rencontre, ensuite. Quand je repense aux premières années avec mes petites, je me vois vraiment comme n’importe quelle maman du monde mammifère. Je les ai nourries, portées, lavées, éduquées. Et surtout: aimées. Choisir, ou reconnaître, un Prince Charmant, c’est déjà toute une affaire en matière d’amour, mélange d’hormones et d’intellect, bref de l’affectif sophistiqué à haute dose. Mais porter et élever un enfant, c’est encore toute une autre dimension.Mere_et_enfant_caravaggio1607

Il y a la responsabilité, d’abord. Cette vie dépend d’abord totalement de la nôtre, puis encore pendant longtemps, des soins et de l’amour que nous lui accordons. En fait, une mère est toute-puissante! Mais moi, cela m’angoissait tellement pendant ma première grossesse que j’ai passé des centaines d’heures à lire tous les livres que j’ai pu trouver sur la grossesse, les bébés et l’éducation des enfants, au point que je pourrais presque encore en citer des passages… Pourtant je ne suis pas devenue une maman poule, je me suis séparée sans peine de mes petites pour reprendre le travail puis les confier à l’école, mais je me sens quand même responsable d’elles et je ne préfère ne pas réfléchir à la folie qui pourrait me prendre si on leur faisait du mal. La colère est un sentiment qui m’est quasi-étranger en temps normal, mais là…

Il y a l’amour, ensuite, l’affaire de 5 sens et même plus: cela sent bon, un tout-petit, c’est beau, cela gazouille, sa peau est toute douce, on le mangerait de bisous! et puis il y a le 6ème sens, se réveiller la nuit 10 secondes avant l’appel d’un bébé affamé ou d’un grand qui a soif, qui a fait un cauchemar ou dont le nez coule…

Mes petites ne sont plus des bébés et je n’ai plus depuis longtemps le bain hormonal de la grossesse et l’allaitement – la cadette, Ondine, a 4 ans – mais elles sont toujours une telle dimension de ma vie affective que je ne pourrai jamais le mettre en mots. Je vois bien, dans les notes des autres mamans d’enfants devenus grands qui s’expriment sur cette blogosphère, que même quand ils ont ont 15, 20, 30 ans, ce sentiment d’amour maternel reste puissant. S’il y a un amour éternel, cela doit bien être celui-là!

Quant à la spiritualité… donner la vie m’a rendue beaucoup plus sereine quant au sens de la mienne, et m’a aussi libérée de certaines angoisses liées à mon manque de confiance dans mon corps, à ma peur de mourir trop vite…

En résumé, la Maternité est une belle expérience, exigeante certes, mais fondamentale et incroyablement gratifiante. Dommage simplement que cette expérience ne puisse être universelle…

Image extraite d’une peinture sur toile (détail) "Sette opere di Misericordia" de Caravaggio, datant de 1607… ces peintures m’impressionnent beaucoup par leur réalisme, on dirait une photo: l’homme derrière cette oeuvre n’a pas porté d’enfant, mais ce qu’il a réalisé est une ode à la vie aussi!

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Avancer avec les Autres

En fait, pendant ces 15 années, j’ai consacré la plus grande partie de mon temps, de mon énergie, de ma créativité, et même de mon développement personnel, à mes activités professionnelles.

Le métier d’ingénieur, que j’avais choisi en procédant par élimination plus que par vocation, m’a ouvert des portes et des expériences que je n’aurais jamais imaginées dans le petit esprit étroit et timide qui était le mien à l’adolescence. Je suis peureuse et sceptique de nature, mais de temps en temps, une opportunité de progrès se présente, et là, heureusement, j’ose avancer. Derrière chaque ligne de mon CV se cache un petit pas de ce type: mes études postgrades en Suisse, mon stage aux Etats-Unis, ma participation à des groupes de travail internationaux, mon expérience du management démarrée sans que je demande rien dans les années de la folie télécom où le moindre projet obscur passait de 1 à 10 personnes en 18 mois, etc.

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A chaque petit pas, un gros stress, la peur de ne pas être à la hauteur, les scénarios catastrophes de tout ce qui peut rater; mais ce stress est moteur, il me force à apprendre et à progresser. Au final, même si ce qui aurait pu être un grand bond en avant n’est qu’un petit pas ridicule, même si ce petit pas ridicule est tremblant ou de travers, peu importe: j’ai bougé, j’ai avancé. Et comme j’ai bien plus d’un tiers de ma vie derrière moi désormais, quand je regarde en arrière, le cumul de ces petits pas si ridicules (exemple: oser téléphoner en anglais sans être terrorisée…) fait un bon bon de chemin tout-à-fait mesurable, et cela fait que j’ai beaucoup plus confiance en ma capacité d’adaptation et d’évolution aujourd’hui qu’à 20 ans.

Mais au-delà de cette analyse égocentrique, ce que je trouve intéressant à disséquer aujourd’hui, c’est le rôle qu’ont eu les Autres dans tout ce cheminement. Quant on fait systématiquement de l’introspection pour savoir d’où on vient, où on va et où on en est, ce qui est une tendance maladive chez moi depuis au moins le soir de 12 ans, il est facile de passer son temps à mesurer la température interne de son ego en oubliant complètement qu’il est plongé dans un environnement complexe qui l’influence en permanence. Il est en fait beaucoup plus intéressant de s’interroger sur les interactions que l’on a avec les Autres et sur leur influence, et quand on commence à pratiquer cet exercice, on devient d’autant plus attentif aux Autres… et on s’adapte, on apprend, on s’enrichit et on évolue d’autant plus…

Par exemple, si je reprends ma peur de téléphoner en anglais, elle s’est résolue naturellement quand j’ai commencé à être appelée régulièrement en anglais par des gens avec qui j’avais établi au préalable et de visu une relation de confiance.  A force, cela m’est devenu tout naturel.

Le plus difficile est de se focaliser sur les relations positives (ou plutôt sur les aspects positifs d’une relation car le verre n’est jamais complètement vide ou totalement plein). Il y a toujours quelque-chose à apprécier ou à respecter chez l’Autre.

En commençant cette note je ne savais pas où elle me mènerait; j’avais juste l’intuition de son thème, juste envie de parler l’importance de mes relations aux Autres pendant toutes ces années, en prenant l’exemple neutre du travail car, contrairement à ses amis et ses amours, on ne choisit pas ses collègues, et contrairement à sa famille qu’on ne choisit pas non plus, on peut y côtoyer des gens d’horizons très variés (quoique j’aie aussi une famille un peu multinationale à présent, c’est vraiment par le travail que j’ai découvert dautres cultures). Tracesdepasmultiples_1

En fait, cette note est difficile à achever, car je me rends compte en faisant cet exercice de synthèse qu’il y a dans mon parcours tellement d’Autres avec qui j’ai avancé qu’il me faudrait tout un recueil de portraits pour en décrire les plus significatifs. En outre, j’ai surtout de bons souvenirs de tous ces petits pas ensemble. Je n’avais jamais réalisé à quel point j’avais tendance à voir ce passé en rose: j’espère que ce n’est pas la manifestation d’une démence sénile précoce!

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15 ans de pointillés…

Et après?

Pause…

Je crois que mon chemin est devenu plus lisse… simple, banal. Sans histoires. Petite vie tranquille en pointillés…

La spiritualité, c’est aussi dans la relation à l’Autre qu’on la vit.

C’est cette dimension, peut-être plus "pointillée" que mes précédentes quêtes mystiques plus ou moins fondamentalistes, qui devait m’occuper les 15 années suivantes.

Tout d’abord, la relation à mon Alter Ego: Mari Charmant.

A force d’espérer le Prince Charmant, j’avais fini par le rencontrer, ou plutôt, le reconnaître. Non pas qu’il s’agisse d’une espèce rare, comme je l’ai indiqué dans ma note sur les Maris Charmants: je suis du genre optimiste sur l’espèce masculine. Mais ces choses-là prennent du temps. Et de construire une relation à deux, équilibrée, forte et constructive pour les deux, sur la durée, plus encore. Nous y avons mis cinq ans, grosso modo, jusqu’à être assez installés dans nos vies et dans nos têtes pour nous engager officiellement. Je sais que cela ne se pratique plus guère, mais le mariage était une étape importante dans notre cheminement, et, de mémoire, la dernière source de profond désaccord sur deux points:

1) mon changement de nom, qui me paraissait une perte d’identité totalement inacceptable: perte de ce qui me restait de breton dans mon exil, et perte de ce que j’avais si fièrement construit puisque je venais de faire mes premières publications à mon nom;

2) le fait de faire une cérémonie religieuse, avec tout ce que cela implique de rituel et de sacré auquel, mine de rien, je tenais encore.

Heureusement, ce choix n’en était pas un. Du fait de notre émigration en Suisse, c’est là-bas que nous devions célébrer notre mariage civil, et comme nous avions convenu de faire une grande fête en Bretagne organisée à 90% par mes parents (aspect logistique absolument non négligeable auquel (futur) Mari Charmant ne pouvait être que sensible!), il semblait difficile de faire déplacer famille et amis des 4 coins de la France et de Suisse sans… le prétexte d’une cérémonie! ouf…

Quant au nom, même cause, mêmes effets. La femme Suisse qui choisit de prendre le nom de son mari perd, lors de son mariage, toute son identité pour prendre celle de son mari: nom et lieu d’origine (du nom de famille, utilisé dans l’état civil suisse et très utile d’ailleurs pour les généalogues). La femme Française, à l’inverse, se contente d’adopter le nom d’"épouse untel", derrière le nom de jeune fille dans la carte d’identité (au lieu de Untel née Truc en Suisse), et c’est juste par "usage" qu’elle prend le nom de son époux dans la pratique quotidienne. Du coup, pour assurer la compatibilité de la paperasse, les Françaises qui se marient en Suisse, même à un Français, n’ont pas d’autre choix que de faire celui, dans l’état-civil Suisse, de garder leur nom de jeune fille, qui reste du coup utilisé au jour le jour en Suisse. Re-ouf…

Je sais bien que cette histoire de nom peut paraître puérile, mais il était important pour moi de publier ma thèse et les articles associés sous le nom de mon père et de mon grand-père. Ma réussite était importante à leurs yeux, ils l’avaient assez encouragée sans se soucier que je sois une fille (je crois que dans la culture d’où je viens, cela n’a pas d’importance). Je leur devais bien cela.

D’un autre côté Mari Charmant s’identifiait aussi fortement à son nom, et associait cette démarche de rejet du nom à celle de la femme divorcée qui reprend son nom de jeune fille, alors que sa démarche de mariage se faisait dans le sens de s’engager à construire une famille, un patrimoine génétique et patronymique à long terme, s’inscrivant dans la durée et la transmission. L’homme ne porte pas les enfants, mais il leur transmet son nom…

C’est d’ailleurs là-dessus que nous avons, tout seuls, construit notre consensus. Nos enfants porteraient son nom, comme j’ai porté celui de mon père, et nous ne les baptiserions pas, indépendamment de ma nostalgie pour le rite et la fête qu’on y associe dans notre culture, car c’est de leur spiritualité qu’il s’agit, pas de la nôtre (d’ailleurs certains mouvements protestants ne pratiquent le baptême qu’à l’âge adulte, conscient et responsable, et c’est le même genre de questionnement qui justifie l’existence du sacrement de confirmation dans les autres pratiques).

Match nul, donc!

Il était clair que nous avions nos deux (fortes) individualités à concilier sur le long terme pour progresser ensemble, et que la main-mise de l’une sur l’autre ne nous conduirait pas à l’équilibre. Nous avons finalement admis nos différences… comme des enrichissements! c’est à cette époque que nous avons commencé à aller voir deux films différents au cinéma, à lui l’action, à moi le sentiment… et le plaisir d’avoir deux films à se raconter après. Pour nous ressourcer après une semaine à travailler comme des dingues sur nos projets de recherche et les projets industriels qui les accompagnaient, j’allais marcher dans la nature, il allait bricoler dans la cave, moi la contemplative, lui le créatif… et nous sommes devenus sereins et respectueux l’un de l’autre, et de plus en plus complémentaires.

C’est tout bête, mais quand on l’explique aux autres couples, à part les vieux qui ont construit 40 ans de complicité sur de telles différences et qui nous regardent comme si c’était une évidence, on passe pour des extra-terrestres.

Yinyang

Ainsi accordés et équilibrés, nous avons pu construire énormément tant dans notre travail que dans notre famille, ce qu’il faut que j’explore encore dans les pointillés…